La prochaine décennie de l’emballage médical appartient à la Chine - Partie 3
Le dernier volet de notre série en trois parties est consacré au rôle que joue la Chine dans la chaîne d’approvisionnement mondiale en dispositifs et conditionnements médicaux. Un gouvernement central fort et une expérience de la gestion des pandémies ont permis au pays de rebondir rapidement, avant les autres économies.
Partie 3 : Chaînes d’approvisionnement avant et après la pandémie
« Ce virus ne connaît pas de frontière » : voilà une phrase qui revient souvent depuis la pandémie de Covid-19. Et on l’entend probablement encore maintenant. Pour de nombreuses personnes, la double dose de vaccin et le retour à la normale sont encore bien loin.
Alors que la pandémie accentue l’écart entre les différentes nations, la globalisation économique a considérablement réduit la taille du monde. Les économistes ont étudié les impacts économiques des épidémies et ont constaté que la plupart d’entre eux sont négatifs, bien qu’à court terme. Citons notamment la grippe britannique de 1957, la grippe porcine en Australie et le SIDA, dont on a dit qu’il risquait de freiner la croissance économique si on le laissait se propager en épidémie. Étonnamment, les données factuelles suggèrent que la grippe espagnole de 1918 a eu un effet positif sur l’économie des États-Unis.

Bien entendu, la Chine a ressenti les effets économiques massifs de la pandémie de 2019. Dès le début, les mesures de confinement des villes ont dégradé l’environnement commercial et empêché toute croissance des investissements étrangers. Dans la première partie de notre série sur la Chine, nous avons expliqué comment le pays a récemment bénéficié d’investissements étrangers solides et en hausse dans le secteur des dispositifs médicaux.
Mais la Chine a démontré sa capacité à gérer l’épidémie en se sortant elle-même de ses difficultés économiques. De nombreuses études ont révélé que des politiques et une gouvernance efficaces jouent un rôle essentiel dans la réduction des pertes économiques et du nombre de décès. Outre sa capacité naturelle à gouverner sa population, son expérience des pandémies antérieures, comme le SRAS, a contribué à la réussite de la gestion de l’épidémie dans des provinces comme le Guangdong et le Henan.
À vrai dire, la façon dont la Chine a géré la pandémie a de quoi susciter l'admiration. Fort de sa puissance, du soutien et de la coopération de la population, ainsi que de sa politique économique et diplomatique, le pays est la seule grande économie à avoir connu une reprise stable l’année dernière. Comme nous l’avons abordé dans la deuxième partie de notre série sur la Chine, le pays a été en mesure de mobiliser rapidement des moyens de fabrication pour le développement de vaccins, ainsi que d’accélérer l’innovation grâce à des autorisations accélérées. Même s’il s’est avéré par la suite que le Sinovac avait un taux d’efficacité plus faible, il se peut que la Chine n’ait tout simplement pas eu assez de population touchée pour réaliser la phase III des études d’essai du vaccin, ce qui témoigne d’une gouvernance de la pandémie plutôt efficace.
Indépendamment de la position de chacun dans le débat sur l’approche la plus efficace pour gérer une crise sanitaire, une chose est claire pour tous : une économie mondialisée toujours connectée expose toutes les nations aux vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Dans le monde actuel, la fabrication complexe implique de nombreux matériaux, procédés et pays. Une pénurie de puces électroniques a entraîné un retard dans la fabrication automobile ; de même, une hypothétique pénurie de nucléosides phosphoramidites (les principaux producteurs étant la Chine et la Corée du Sud) pourrait facilement entraîner un retard dans la production de vaccins à ARN.
Lorsqu’il s’agit de résoudre les problèmes d’approvisionnement et de réduire les risques de la chaîne de valeur mondiale, des termes tels que « délocalisation », « régionalisation » et « Chine+1 » sont récemment apparus dans notre vocabulaire. Mais les choses ne sont pas si simples. À ce stade précoce, il ne semble pas y avoir d’exode massif de la production vers la Chine. La Corée, le Japon et l’Allemagne signalent que nombre de leurs entreprises sont là pour rester, et l’administration Biden n’a toujours pas donné le signal d’une relocalisation de grande envergure.
La localisation est également devenue une solution potentielle pour le marché intérieur chinois. Des semi-conducteurs aux dispositifs technologiques médicaux, le transfert de différents types de fabrication en Chine est la stratégie de nombreux acteurs face à une pénurie d’approvisionnement due à la pandémie ou à la guerre commerciale.
Qu’ils soient basés à l’intérieur ou à l’extérieur de la Chine, les responsables de la chaîne d’approvisionnement réfléchissent constamment aux solutions permettant d’atténuer les conséquences d’un système de chaîne d’approvisionnement plus complexe et plus délicat. Certains affirment que la schématisation de la chaîne d’approvisionnement est un bon point de départ pour toutes les stratégies mentionnées plus haut. Dans le cadre de ce procédé, les entreprises consacrent des ressources au repérage de leurs fournisseurs (et potentiellement, des fournisseurs de second ordre également) et effectuent des analyses de simulation pour protéger de manière proactive les lignes d’approvisionnement.
Bien que la Chine ait encore à relever de nombreux défis pour devenir le leader de l’économie manufacturière mondiale, notamment en ce qui concerne le niveau d’innovations dont elle a besoin pour parvenir à l’autonomie technologique, le pays dispose de nombreux avantages qui l’aideront à conquérir le secteur des dispositifs médicaux au cours de la prochaine décennie. Forte d’un gouvernement central puissant, la Chine a la faculté exceptionnelle de faire progresser la technologie médicale et d’améliorer le contexte réglementaire beaucoup plus rapidement. Grâce à des investissements étrangers croissants et à une base en amont solide pour la fabrication de produits pharmaceutiques et médicaux, le pays bénéficie d’un dynamisme certain pour réaliser de nouvelles avancées et soutenir la production. Enfin, avec une gouvernance qui apprend rapidement à gérer les pandémies (ainsi que d’autres événements indésirables brutaux), la Chine restera un acteur clé de ce secteur dans un avenir proche.
Lire la partie 2 : La réglementation s’accélère en raison du COVID-19
Lire la partie 1 : Pas seulement des produits bas de gamme
Références :